Péché mortel

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françois

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Péché mortel

Ecrit le 16 janv. 2005 08:26

Message par françois »

Salut,

Pourrait-on préciser la notion de péché "mortel" dans l'Eglise Catholique romaine?

L'origine et la signification.
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TEMOINS DE CHRIST

LumendeLumine

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Ecrit le 16 janv. 2005 14:42

Message par LumendeLumine »

Salut françois,

Le Pape Jean-Paul II saurait répondre à ta question en des termes bien plus précis que je ne saurais faire, aussi voici un extrait de son exhortation apostolique "La Réconciliation et la Pénitence".

____________________________________________________

Péché mortel, péché véniel.

17. Mais voici, dans le mystère du péché, une autre dimension sur laquelle l'intelligence de l'homme n'a jamais cessé de méditer: celle de sa gravité. C'est une question inévitable, à laquelle la conscience chrétienne n'a jamais renoncé à répondre: pourquoi et dans quelle mesure le péché est-il grave en tant qu'offense faite à Dieu et en raison de sa répercussion sur l'homme? L'Église a une doctrine propre à ce sujet, et elle la réaffirme en ses éléments essentiels tout en sachant qu'il n'est pas toujours facile, dans les situations concrètes, de délimiter nettement les frontières.


[SOURCES BIBLIQUES]

[Ancien Testament]

Déjà, dans l'Ancien Testament il était dit, à propos de nombreux péchés - ceux qui étaient commis délibérément, les diverses formes de luxures, d'idôlatrie, de culte des faux dieux - que le coupable devait être "éliminé de son peuple", ce qui pouvait aussi signifier être condamné à mort. Par contre d'autres péchés, surtout ceux commis par ignorance, pouvaient être pardonnés grâce à un sacrifice.
C'est aussi en se référant à ces textes que l'Église parle constamment, depuis des siècles, de péché mortel et de péché véniel. Mais cette distinction et ces termes s'éclairent surtout dans le Nouveau Testament, où se trouvent des textes nombreux qui énumèrent et réprouvent en des termes vigoureux les péchés qui méritent particulièrement d'être condamnés, sans parler de la confirmation du décalogue que Jésus donne lui-même. Ici, je voudrais me reporter particulièrement à deux pages significatives et impressionnantes.

[Nouveau testament]

[1] Dans un passage de sa première Lettre, saint Jean parle d'un péché qui conduit à la mort (prós thánaton) et l'oppose à un péché qui ne conduit pas à la mort (mè prós thánaton). Il est évident que le concept de mort est ici spirituel: il s'agit de perdre la vie véritable ou «vie éternelle» qui, pour Jean, est la connaissance du Père et du Fils, la communion et l'intimité avec eux. Le péché qui conduit à la mort semble, dans le passage cité de la première Lettre de saint Jean, être le rejet du Fils, ou le culte des faux dieux. Quoi qu'il en soit, par cette distinction des concepts, Jean semble vouloir souligner la gravité incalculable de ce qui est l'essence du péché, le refus de Dieu, accompli surtout dans l'apostasie et l'idolâtrie, c'est-à-dire l'acte de rejeter la foi en la vérité révélée, de mettre au même rang que Dieu certaines réalités créées et d'en faire des idoles ou de faux dieux. Mais l'Apôtre, dans cette page, entend aussi mettre en lumière la certitude donnée au chrétien du fait qu'il est «né de Dieu» grâce à la «venue du Fils»: il y a en lui une force qui le préserve de la chute dans le péché; Dieu le garde, et «le Mauvais n'a pas de prise sur lui». Car s'il pèche par faiblesse ou par ignorance, il a en lui l'espérance de la rémission, étant d'ailleurs soutenu par la prière commune de ses frères.

[2] Dans une autre page du Nouveau Testament, plus précisément dans l'Evangile de Matthieu, Jésus lui-même parle d'un «blasphème contre l'Esprit Saint» qui «ne sera pas remis», parce qu'il consiste, dans ses diverses manifestations, à refuser avec obstination la conversion à l'amour du Père des miséricordes.

Il s'agit, bien entendu, d'expressions extrêmes et radicales: le refus de Dieu, le refus de sa grâce et, par conséquent, l'opposition au principe même du salut; par là l'homme semble volontairement s'interdire la voie de la rémission. Il faut espérer que très peu d'hommes aient la volonté de s'obstiner jusqu'à la fin dans cette attitude de révolte ou de défi ouvert contre Dieu, lequel, par ailleurs, comme nous l'enseigne encore saint Jean, «est plus grand que notre cœur» dans son amour miséricordieux et peut vaincre toutes nos résistances psychologiques et spirituelles, si bien que, comme l'écrit saint Thomas d'Aquin, «il ne faut désespérer du salut de personne en cette vie, en raison de la toute-puissance et de la miséricorde de Dieu».

Mais, face à ce problème de la rencontre d'une volonté rebelle avec Dieu infiniment juste, on ne peut pas ne pas nourrir des sentiments de «crainte et tremblement» salutaires, comme le suggère saint Paul; tandis que l'avertissement de Jésus à propos du péché «qui ne peut être remis» confirme l'existence de fautes qui peuvent attirer sur le pécheur la peine de la «mort éternelle».


[ENSEIGNEMENTS THÉOLOGIQUES]

A la lumière de ces textes de la sainte Ecriture et d'autres, les docteurs et les théologiens, les maîtres spirituels et les pasteurs ont distingué entre les péchés mortels et les péchés véniels. Saint Augustin, notamment, parlait de letalia ou de mortifera crimina, les opposant à venialia, levia ou quotidiana. Le sens qu'il a donné à ces qualificatifs influencera ultérieurement le Magistère de l'Eglise. Après lui, saint Thomas d'Aquin formulera dans les termes les plus clairs possible la doctrine devenue constante dans l'Eglise.

En établissant cette distinction entre les péchés mortels et les péchés véniels, et en les définissant, la théologie du péché de saint Thomas et de ceux qui la continuent ne pouvait ignorer la référence biblique et, par conséquent, le concept de mort spirituelle. Selon le Docteur angélique, pour vivre selon l'Esprit, l'homme doit rester en communion avec le principe suprême de la vie, Dieu même, en tant que fin ultime de tout son être et de tout son agir. Or le péché est un désordre provoqué par l'homme contre ce principe vital. Et quand, «par le péché, l'âme provoque un désordre qui va jusqu'à la séparation d'avec la fin ultime - Dieu - à laquelle elle est liée par la charité, il y a alors un péché mortel; au contraire, toutes les fois que le désordre reste en-deçà de la séparation d'avec Dieu, le péché est véniel». Pour cette raison, le péché véniel ne prive pas de la grâce sanctifiante, de l'amitié avec Dieu, de la charité, ni par conséquent de la béatitude éternelle, tandis qu'une telle privation est précisément la conséquence du péché mortel.

En outre, considérant le péché sous l'aspect de la peine qu'il entraîne, saint Thomas avec d'autres docteurs appelle mortel le péché qui, s'il n'est pas remis, fait contracter une peine éternelle; véniel, le péché qui mérite une peine simplement temporelle (c'est-à-dire partielle et qui peut être expiée sur terre ou au purgatoire).

Si l'on considère ensuite la matière du péché, les idées de mort, de rupture radicale avec Dieu, bien suprême, de déviation par rapport à la route qui conduit à Dieu ou d'interruption du cheminement vers lui (toutes manières de définir le péché mortel), se conjuguent avec l'idée de gravité impliquée dans le contenu objectif: c'est pourquoi le péché grave s'identifie pratiquement, dans la doctrine et l'action pastorale de l'Eglise, avec le péché mortel.

Nous recueillons ici le noyau de l'enseignement traditionnel de l'Eglise, repris souvent et avec force au cours du récent Synode. Celui-ci, en effet, a non seulement réaffirmé ce qui avait été proclamé par le Concile de Trente sur l'existence et la nature des péchés mortels et véniels, mais il a voulu rappeler qu'est péché mortel tout péché qui a pour objet une matière grave et qui, de plus, est commis en pleine conscience et de consentement délibéré. On doit ajouter, comme cela a été fait également au Synode, que certains péchés sont intrinsèquement graves et mortels quant à leur matière. C'est-à-dire qu'il y a des actes qui, par eux-mêmes et en eux-mêmes, indépendamment des circonstances, sont toujours gravement illicites, en raison de leur objet. Ces actes, s'ils sont accomplis avec une conscience claire et une liberté suffisante, sont toujours des fautes graves.

Cette doctrine, fondée sur le Décalogue et sur la prédication de l'Ancien Testament, reprise dans le kérygme des Apôtres, appartenant à l'enseignement le plus ancien de l'Eglise qui la répete jusqu'à aujourd'hui, trouve dans l'expérience humaine de tous les temps une exacte vérification. L'homme sait bien, par expérience, que, sur le chemin de la foi et de la justice qui le conduit à la connaissance et à l'amour de Dieu dans cette vie et à l'union parfaite avec lui dans l'éternité, il peut s'arrêter ou s'écarter, sans pour autant abandonner la voie de Dieu: dans ce cas il y a péché véniel; toutefois celui-ci ne devra pas être vidé de son sens, comme s'il était automatiquement chose négligeable, ou un «péché qui compte peu». A vrai dire l'homme sait aussi, par sa douloureuse expérience, qu'il peut inverser sa marche par un acte conscient et libre de sa volonté, et cheminer dans le sens opposé à la volonté de Dieu, et ainsi s'éloigner de lui (aversio a Deo), refusant la communion d'amour avec lui, se détachant du principe de vie qu'est Dieu, choisissant ainsi la mort.


[SYNTHÈSE]

Avec toute la tradition de l'Eglise, nous appelons péché mortel l'acte par lequel un homme, librement et consciemment, refuse Dieu, sa loi, l'alliance d'amour que Dieu lui propose, préférant se tourner vers lui-même, vers quelque réalité créée et finie, vers quelque chose de contraire à la volonté de Dieu (conversio ad creaturam). Cela peut se produire d'une manière directe et formelle, comme dans les péchés d'idolâtrie, d'apostasie, d'athéisme; ou d'une manière qui revient au même comme dans toutes les désobéissances aux commandements de Dieu en matière grave. L'homme sent bien que cette désobéissance à Dieu brise ses liens avec son principe vital: c'est un péché mortel, c'est-à-dire un acte qui offense Dieu gravement et finalement se retourne contre l'homme lui-même avec une force puissante et obscure de destruction.


[Oppositions courantes]

Au cours de l'assemblée synodale, certains Pères ont proposé une distinction tripartite des péchés: il conviendrait de les classer en péchés véniels, graves et mortels. Cette distinction tripartite pourrait mettre en lumière le fait que, parmi les péchés graves, il existe une gradation. Mais il reste toujours vrai que la distinction essentielle et décisive est celle entre le péché qui détruit la charité et le péché qui ne tue pas la vie surnaturelle: entre la vie et la mort il n'y a pas de place pour un moyen terme.

De même on devra éviter de réduire le péché mortel à l'acte qui exprime une «option fondamentale» contre Dieu, suivant l'expression courante actuellement, en entendant par là un mépris formel et explicite de Dieu ou du prochain. Il y a, en fait, péché mortel également quand l'homme choisit, consciemment et volontairement, pour quelque raison que ce soit, quelque chose de gravement désordonné. En effet, un tel choix comprend par lui-même un mépris de la loi divine, un refus de l'amour de Dieu pour l'humanité et toute la création: l'homme s'éloigne de Dieu et perd la charité. L'orientation fondamentale peut donc être radicalement modifiée par des actes particuliers. Sans aucun doute il peut y avoir des situations très complexes et obscures sur le plan psychologique, qui ont une incidence sur la responsabilité subjective du pécheur. Mais de considérations d'ordre psychologique, on ne peut passer à la constitution d'une nouvelle catégorie théologique, comme le serait précisément l'«option fondamentale», entendue de telle manière que, sur le plan objectif, elle changerait ou mettrait en doute la conception traditionnelle du péché mortel.

S'il convient d'apprécier toute tentative sincère et prudente de clarifier le mystère psychologique et théologique du péché, l'Eglise a cependant le devoir de rappeler à tous ceux qui étudient ces matières la nécessité d'une part d'être fidèles à la Parole de Dieu qui nous instruit aussi sur le péché, et d'autre part le risque que l'on court de contribuer à atténuer encore plus dans le monde contemporain le sens du péché.

__________________________________________________________


PS.: J'ai rajouté moi-même les sous-titres en italique, entre crochets, dans le but de faciliter la lecture. Ils ne font pas partie du texte original.

françois

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Message par françois »

Merci, une fois encore, à mon sympa (et vieux !) prof de religion catholique !

Mais tu dois travailler régulièrement avec tous ces documents officiels ? C'est pas possible autrement ! :wink:

Le site du Vatican est bien fait et très agréable, mais le nombre de doc. qu'on y trouve . . !

J'ai du mal à y circuler ! Je m'y perds facilement !
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LumendeLumine

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Ecrit le 16 janv. 2005 15:40

Message par LumendeLumine »

françois a écrit :Mais tu dois travailler régulièrement avec tous ces documents officiels ? C'est pas possible autrement !
Le site du Vatican est bien fait et très agréable, mais le nombre de doc. qu'on y trouve . . !

J'ai du mal à y circuler ! Je m'y perds facilement !
Il se trouvait simplement que j'avais lu, il y a quelques jours, cette lettre du Pape Jean-Paul II qu'un ami m'avait recommandée... simple coup de chance! Le texte complet est également intéressant, bien que je ne le recopierai pas ici, mais il est disponible sur http://www.vatican.va/holy_father/john_ ... ia_fr.html

Je dois admettre que le site du Vatican est, disons, colossal, pour employer un mot faible. Une bonne référence à condition de savoir exactement ce qu'on cherche, tu as raison.

Je m'emploie présentement à te dénicher un truc assez complet sur les indulgences, patience!

Ravi d'avoir pu t'aider. :D

françois

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Message par françois »

LumendeLumine a écrit : Il se trouvait simplement que j'avais lu, il y a quelques jours, cette lettre du Pape Jean-Paul II qu'un ami m'avait recommandée... simple coup de chance! Le texte complet est également intéressant, bien que je ne le recopierai pas ici, mais il est disponible sur http://www.vatican.va/holy_father/john_ ... ia_fr.html

Je dois admettre que le site du Vatican est, disons, colossal, pour employer un mot faible. Une bonne référence à condition de savoir exactement ce qu'on cherche, tu as raison.

Je m'emploie présentement à te dénicher un truc assez complet sur les indulgences, patience!

Ravi d'avoir pu t'aider. :D
Merci d'avance, mon ami ! :P
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